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Sud - Ouest, France
Des mots-Des Images en tout sens

dimanche 4 janvier 2009

Barbelés en rivière


Justifier

Elles viennent de lâcher le fil de barbelé accroché à leurs dents durant douze saisons.
Chacun de ces instants s’accompagne d’un nouveau livre de larmes. Chacune de ces rencontres avec l’homme en blouse blanche et son lot de pinces coupantes était suivie de douleurs qui rendaient chaque bouchée, même la plus désirée : chocolat chips ou autre volupté, le pire enfer que la terre ait pu leur offrir et rendait anorexique pour deux ou trois repas la plus gourmande des quatre.
Elles ont pourtant troqué leur bouche grillagée pour quelques vis et trous plus ou moins espacés sur leur lèvre du haut, du bas, ou les deux à la fois afin de tisser le silence des mots du cœur, un ou deux sur la langue pour éloigner les baisers sans omettre le nez afin de rejeter toute la saveur des embruns au bord de l’océan et du miel doré à l‘aube du Printemps.
La vie les aurait-elle rendues à ce point amères que le short fleuri et le t-short au bord des seins ne soient plus qu’une arme pour mieux happer l’autre dans les griffes du cœur oublié telle l’araignée du matin tissant sa toile au bord de la rosée afin de mieux trahir l’insecte. Ont-elles déjà troqué leurs rêves les plus secrets pour cette bouche amère ? Pourtant leurs pommettes se transforment en crevettes au couchant ou crabe sur les braises quand le jeune homme assis face à elle leur offre son sourire timide au dessus du verre menthe à l‘eau.
Mais ce feu qui les brûle est-il si dangereux qu’elles doivent dresser de nouveaux grillages et portes blindées.
Que leur dire des autres, censés guider leurs pas vers l’autre rive, celle de la liberté ?

Je déteste ce temps des départs, cet âge où le monde se doit d’être raisonnable.
Je déteste encore ce regard en biais sur la courbe de mon mollet montant jusqu’à mon ventre sans interrogation sur mon cœur en dedans.
Je déteste quand tu pars et que les vents t’éloignent mais je déteste autant quand mon ventre se tord et que mon vocabulaire se réduit à quelques mots aussi vides que la bourse d’un mendiant ... Je déteste quand je ne sais plus gérer le temps qui nous sépare. Je déteste quand j’oublie la douceur de ta bouche, happée par le vide de ton temps de vacances.
Je préfère retrouver le silence et me blottir dans le souvenir de tes murmures.
Je déteste leur rire quand ils ont bu et ces enfants qui pleurent et que l’on bat quand ils rêvent de tendresse et de bras pour mieux les enlacer.
Je déteste la pluie fine et le froid de l’hiver et le cri des parents qui ne veulent pas entendre les rêves de leur adolescent.
Je déteste la cravache qui tombe sur le dos du cheval et le pouvoir des hommes qui mesurent leur bras et étalent leur savoir auquel ils ne croient pas.
Je déteste ces matins de Noël quand les frontières sont la cible des bombes jetées au nom du divin quand ailleurs encore les grands hommes s’échappent au bord d’océans lointains sanctifiant des compatriotes qui se sont nourri de ceux qui dorment aujourd’hui sous des tentes de misère.
Je déteste quand les enfants ont peur du noir et que les savants se moquent des histoires.


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