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Sud - Ouest, France
Des mots-Des Images en tout sens

samedi 26 février 2011

Je n’hésiterais pas !







Si tu  oubliais les histoires, le goût salé des phrases,  le bruissement de soie des vagues sur le sable, je te regarderais longuement. En silence, tout d’abord, je plongerais dans tes yeux caramel, je chercherais en toi, dans ce regard si doux, dans ses reflets si vifs, chauds et tellement rieurs derrière leur couleur de mille feux, terre de Sienne, reflet du miel à l’envi, quand ils se posent sur moi. Je chercherais d’où vient cette sensible tristesse, cette sauvage détresse que j’y découvrirais qui fait que tu te tais.
Je m’approcherais encore, je te prendrais la main et je t’emmènerais au loin, en direction de la plage.
Nous traverserions le bois de pins à l’ombre de la dune. Nos pieds fouleraient quelques épines et brindilles déposées là par les vents de l’hiver. Si tes yeux ne cillaient pas, si ta main restait molle au contact de mes doigts. Je patienterais encore, les vagues se rapprocheraient en dansant,  le vent apportera l’odeur des marées et du sel mêlés. Nos yeux plisseraient un peu à l’approche du sentier qui descend vers la grève. Les oyats ayant remplacé les pins, nous ne connaîtrions plus d’ombre pour nous protéger de la lumière, seule les ombres de nos corps marcheraient juste derrière nos pas.
Assis auprès des vagues sur le sable encore vierge à la nouvelle saison, regard sur l’horizon, je m’assiérais entre tes jambes, mon dos contre ton buste ainsi tu ne verrais pas mes larmes.
C’est ainsi que tu préfères m’enlacer, tu m’enveloppes de ton buste et respires mes cheveux et ma nuque et déposes dans mon cou tes baisers tes murmures...
Et si tu ne bougeais pas, insensible au parfum de ma peau, je chercherais ton souffle et te dirais combien les couleurs sont belles passant du vert au rose et du violet au blanc quand les touches du noir rappellent  les Kanjis, idéogrammes japonais, là où rêvent les piquets des pêcheurs qui marquent les casiers des parcs à huîtres, sur le banc de sable or et blanc aux courbes douces et changeantes à cette heure.
Puis doucement je prendrais tes livres un à un, je te lirais chaque page. Je m’arrêterais un peu pour  te relire mieux tous ces mots qui parlent si bien de moi. Je m’appuierais contre toi un peu plus fort encore comme le font les chats parfois, je lèverais doucement ma main pour atteindre ton cou et ta nuque, là  où tes cheveux bouclent un peu et glissent entre mes doigts, saveur délicieuse de tes cheveux humides.
Si ta main ne bougeait pas, si tu ne reconnaissais pas mes doigts, si ton souffle restait encore éloigné, je te dirais  tes mots ceux écrits sur ma peau, ceux laissés, çà et là, dans l’espace de tes rêves, ceux de tes colères sur le monde, un peu, afin que tu te souviennes de qui tu es.
Je te murmurerais tous mes mots les miens ceux que tu aimes. Je me tairais un peu pour écouter les vagues et la marée qui monte. J’en inventerais de nouveau, là, à cet instant même. Je te raconterais chacun des gestes et des silences, chacun des mouvements de toutes nos rencontres de toutes nos attentes.
Je te rappellerais l’histoire de nos premiers baisers là bas sur le banc de bois une nuit de printemps à l’ombre de la rive.
Si ton souffle ne changeait pas. Si tu me semblais encore le regard absent. J’hésiterais sans doute un instant puis je te dirais enfin mes erreurs à l’heure de mes doutes, quand j’ai fait comme si je t’avais oublié croyant que tu m’avais laissée. Je te dirais enfin comment tu as occupé chacun de mes silences de ce temps là. Je te dirais comment perdue de cette trop longue absence je me suis précipitée dans un ailleurs fait de cris, de moqueries et de domination, de manipulation et de privations, de mesquineries. Celles que je tais toujours. Je crois qu’il n’y a pas un jour où je n’ai pas eu peur. Je te raconterais hésitante comment on m’avait supprimé mes crayons comment j’ai été épiée, surveillée. Sur le calendrier ça a duré en réalité cinquante jours qui se sont étirés sur cinq très longues saisons. J’ai pensé à toi chaque jour.  J’ai erré souvent seule dans la ville j’avais besoin de toi espérant t’y trouver mais comment te dire combien j’étais habitée par la peur. Je me suis isolée souvent sur les sentiers que nous avions tous les deux fréquentés. Je suis allée cent fois m’asseoir sur le muret face à l’église. J’ai évité tes concerts de peur que mon erreur m’ait rendue laide. Mille fois j’ai pianoté le début de ton numéro sur l’écran de mon portable depuis ce muret mais comment te dire que tu étais toujours aussi présent et combien c’était aussi douloureux de penser à toi sans pouvoir trouver la force de remonter vers le soleil et vers les plages.
Je te dirais tout cela. Peut-être reconnaîtrais-tu mes larmes ?
Et puis doucement je me rapprocherais encore de toi, dos à la vague alors je chercherais tes yeux et si eux se taisaient, ton corps lui se souviendrait peut-être …
Face au vent du large je te dirais tout de même tout ce que tu es. Je te parlerais de ces jours où nous allons vieillir et puis bien sûr de ce monde où nous allons mourir.
Je veux alors que ce qui sera poudre et sable de moi rejoigne ce banc de sable afin d’être toujours dans ce monde entre deux mers. Le plus près du ciel et des rêves, les tiens, et le plus près du bord de la terre.
Je te dirais tous tes mots doux, Je te murmurerais tous les miens… Je te dirais enfin que c’est toi qui me lâches un peu cette fois encore et que tes larmes montrent combien tu ne le veux pas et que non je ne te laisserai pas.
Si tes doigts ne frémissaient pas encore sur ma peau, si ta voix se taisait toujours…
 Alors je prendrais ta main et je glisserais mes doigts dans la tienne et je la serrerais fort espérant que tu te souviennes…
Et puis je me tairais et je resterais là à écouter ton souffle et la marée qui monte.

lundi 21 février 2011

Souhaits


Que le vent qui se lève
Au bord du fleuve à ton réveil
Vienne caresser ta nuque
E t te couvre de mes baisers

Que la bruine qui se pose
Sur la terre à l’aurore
Vienne rafraîchir tes pensées
Éclairer ta journée

Que la mer qui se déchaine
Au loin parfois dans la stupeur
Vienne étancher tes rêves
Et puisse t’envelopper de ses milles reflets

Que  mes douces  pensées
Et mon regard gris-vert
Sur chacun de tes mots
Et le grain de ta peau
Te donne à oublier 
Combien le monde tourne
Parfois de travers

Et si c’était tout près
Que le monde se mettait à l’envers
Que chacun de mes baisers
Te permettent de retrouver
Et le goût de mes mots
Et le goût de ma bouche

Que cette journée soit douce
Comme les matins de plage
Riche en surprise
Comme les reflets du sable.



Vertige





J’ai vu des partitions, des musiciens, des saxos
Danser à la surface de l’eau,
J’ai redécouvert le Tango,
Tes doigts ont fait des arabesques
Sur les touches du piano…

Tu as inscrit ancré
Tes murmures sur ma peau
Tête à l’envers baisers du cœur

Tu m’as conté les secrets de la dune
A ses pieds nous avons dormi
Et tellement ri aussi

Enveloppée par tes bras,
Le Banc blanc rose violet
S’étirait sur l’horizon à nos pieds
Avec la légèreté des courbes d’un arc-en-ciel

J’ai lu des reflets des images
Sur des écrans blancs
Et d’autres parchemins

Le vent s’est levé
Seule soudain face à cet horizon fragile
Ma main est froide
Et s’affirme une envie de vomir
Et cette incapacité à bouger

La terre risque de se désagréger
Sous mes pas
Je ne sais plus comment descendre
Avancer sauter rouler
Je voudrais savoir m’asseoir
Et jouer des doigts avec ce sable délicat

Es-tu parti protéger nos secrets
Mieux les garder pour l’éternité
Joues-tu à te cacher
Comme les enfants au-delà de  la colline
Es-tu allé cueillir quelques oyats sur le flanc Est
Ou chercher quelques branches pour le feu
T’es-tu endormi à l’ombre des pins
Si minuscules un peu plus bas

Le sable pique et la lumière brûle mes paupières
Je ferme les yeux et m’accroche
A chercher le son de tes pas
Mais le vent si haut est trop fort
Je déteste ce vent
Soudain trop présent
Je vacille

Mais le sable frémit à deux pas
Tes bras enserrent ma taille avec douceur
Ta bouche effeuille ma nuque et mon cou
Je me retourne dans un rire léger
Tes yeux terre de Sienne dans mon regard fougère
Mes mains se faufilent avec délicatesse
Sous les laines et les cotons de tes vêtements.