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Sud - Ouest, France
Des mots-Des Images en tout sens

mardi 2 août 2011

Promesses Délicieuses


L’aube  dure et moite au-dehors
Parlerait presque d’un froid de novembre
Avec des mémoires d’un ailleurs douloureux et blessant
Où les meurtrissures s’étalent
Et ne peuvent se décrire
Au-delà du divan marron et froissé
Du professionnel des secrets  malmenés

Avec la surprise d’une valse au cœur de la pluie
La douceur d’une caresse sous un ciel terne
Quand nos mains se rejoignent
Et font vibrer les sens
La vie est ainsi faite
De promesses tellement délicieuses
Au-delà d’une  danse que tu choisis
Où tu inventes nos pas

Quand nos bouches  murmurent
Des chants d’un autre monde
Qui évoquent la houle
Sous les vents frais du large

Quand tu viens en douceur défroisser
Mes paupières un peu lourdes au réveil,
Délicate,
Ta main d’une caresse efface tous les passés
Tes lèvres toujours douces et leur murmure profond
Indescriptible sinon ce serait de l’impudeur

Que j’aime tes secrets dans les plis de ma peau
Murmurés divulgués
Quand les marées se lèvent
Et que la terre humide se vêt de blés dorés
Qui dansent sous le vent en évoquant les ombres
Douces,  parfois brunes, sur le sable d’un jaune pâle

Sous les reflets du vent
Quand le ciel reste tendre
La vie est ainsi faite de si précieuses promesses 

A Gustave, mon Cher Neveux




Un peu surprise par tes attentes ce jour-là, je n’ai pas su répondre à tes questions. De ce temps là, je ne sais pas très bien quoi t’en dire. Je ne vais pas t’en parler avec mon regard, je vais essayer de retrouver tes yeux d’enfant, tes yeux de cette hauteur-là.
 Comme dit parfois un être qui m’est très cher, ce qui compte dans une histoire ce n’est pas qu’elle soit vraie c’est qu’elle soit belle !  

En ce temps-là tu voyais le monde à la hauteur de mes genoux quand tu étais debout. Et tu tenais debout depuis bien peu de temps. Tu étais un magnifique petit garçon et tu riais beaucoup. Tu t’émerveillais de tout.
 Tes parents t’avaient confié à elle comme chaque année durant les vacances. Tu arrivais dans cette maison pour y vivre quelques jours. J’appelle parfois cette maison, la maison bleue quand je suis d’humeur tendre et pour toi je resterai d’humeur tendre. Je crois que je la nomme ainsi parce que les deux portes d’entrées étaient bleues quelle que soit la rue par laquelle nous pouvions y pénétrer. Enfin je crois, tu vois même maintenant je ne suis plus très sûre.
Tu arrivais souvent par la grande rue celle qui arrivait de l’autoroute ou bien directement depuis la maison de tes grands-parents. Quand tes parents ouvraient la porte tu avais déjà trois hautes marches à grimper. Impossible de te hisser tout seul d’une marche à l’autre à ton âge. On te soulevait en mettant les deux mains sous tes aisselles afin de te soutenir et t’aider un peu.
Là, l’exploration du  jardin valait bien n’importe quel conte de Perrault ou de Grimm. Tout devenait intéressant pour toi.
Contre les marches sur lesquelles tu avais enfin trouvé une stabilité poussait un arbuste garni de petites fleurs blanches telles des étoiles des diamants en suspension au milieu de son feuillage vert tendre. Elles scintillaient dans la lumière douce du soleil. J’adorais son odeur et te la faisais partager comme elle l’avait fait avec moi et tous les autres sans doute. C’était un … Bon sang, j’ai encore oublié le nom !!! C’est elle qui l’avait planté et nous l’avait fait découvrir.  Mais oui ! Seringa, jasmin des Poètes, c’est joli tu ne trouves pas !  Mais ces fleurs là étaient portées par  des brindilles légères qui piquaient un peu. Alors toi, tu aimais bien davantage ce qui se trouvait à ses pieds. Tu les cherchais déjà dès ton arrivée. Un peu plus bas, à hauteur de tes petites chaussures, naissaient de petits points rouges perdus au milieu de toutes petites feuilles vertes. Ces fruits-là avaient un goût délicieux et croquaient un peu sous la langue quand tu fermais la bouche avec hésitation.
Il y avait toujours ce minuscule panier d’osier qu’elle avait acheté exprès et uniquement pour toi. Il était à ta taille. Son anse délicate juste faîtes pour tes petites mains à peine mobiles encore. Il était aussi là à la taille de ces petits fruits rouges. Ces petits points de couleur vive tels de petits éclats de braises étaient cachés en réalité dans tous les coins du jardin. Des Fraises-des-bois qu’elle avait réussi à planter ça et là, au pied d’un arbre, dans un buisson, au milieu des Marguerites et des Dahlias, au pied de cette pierre ancienne, borne kilométrique, trouvée sans doute au bord d’une route ou d’un sentier. Je ne sais !
 Tu marchais trébuchant vers la maison sur la petite allée de pierre un peu disjointes. Attention il y a là deux marches et puis encore deux au milieu de passe-roses en été. Tu sais c’est ton père à l’âge que tu as maintenant qui a installé le goutte à goutte. Une pluie fine par endroit descend sur les basses fleurs. Il m’avait bien impressionnée à l’époque où il avait su seul l’installer ainsi le long de toutes les bordures.
Sur la gauche en descendant juste à côté d’une ancienne fontaine de pierre court une clématite. Celle-ci est d’un bleu-sombre et grimpe très haut sur le mur à travers les feuillages.  Attention,  il y a là encore trois marches à descendre avant d’être sur la terrasse !
 Enfin tu retrouves ton tracteur rouge aux pédales jaunes comme des soleils. Elle l’a sorti avant ton arrivée. Elle pense à tout ! La glycine qui longe la baie vitrée depuis de longues années, bien avant que nous connaissions cette maison, dégage un parfum sucré au travers de ces grappes mauve-clair le long de ses lourds et noueux branchages.
Tu peux gambader enfin sans crainte ! La joie de la suivre partout, elle qui t’accueille toujours avec tant d’emphase éveille chez toi un rire clair.
Sais-tu que ton père l’appelait La Castafiore en référence à « Tintin au Tibet ».
 J’habitais dans une petite maison au bout de la rue perpendiculaire à la maison bleue. Je donnais sur un côté des arènes auxquelles nous pouvions accéder par un sentier qui serpentait doucement.
Tu venais me voir en pédalant fermement sur ton petit tracteur rouge. Elle t’accompagnait à pied et te poussait un peu parfois car la pente était traître pour tes petites jambes. J’entendais ta petite voix de loin quand tu m’appelais.
Tu aimais bien venir voir les oiseaux que j’avais installés dans une grande volière construite entre intérieur et extérieur. C’était incroyable comme tu étais curieux de tout et tellement rieur. Il y avait là deux rossignols du Japon que tu reconnaissais. Chez toi ton père les gardait en liberté dans votre appartement. Tu découvrais d’autres espèces au plumage coloré et varié.
 Elle t’emmenait partout. Au marché elle était fière de te montrer de raconter tes bons mots et tes progrès.
La plage était toute proche alors tu faisais tes premiers pas dans le sable fin et elle te montrait l’intérêt du seau et de la pelle. Avec toi, elle était patiente et drôle. Le temps s’arrêtait pour elle. Elle était toute pour toi.
 J’ai déménagé dans la ville où je vis maintenant. Je n’ai pas reconstruis la volière. Je garde plein de souvenirs de ces moments délicieux où je te rejoignais chez elle où sur la plage.
Peut-être ces quelques pages écrites pour toi t’apporteront un peu de ce temps là toi qui t’interrogeais ayant perdu tes souvenirs.